(suite du chapitre 2, jusqu’à la section 12 incluse)
13) Clapets antireflux
Il peut arriver qu’une plomberie soit sujette aux refoulements, soit parce qu’elle est placée trop bas par rapport au collecteur municipal, soit parce que les égouts municipaux peinent à évacuer toutes les eaux usées qu’on leur envoie. C’est le cas en particulier (comme indiqué plus haut) lorsque les eaux pluviales se déversent dans les égouts municipaux parce qu’on n’a pas construit de tuyauterie distincte pour les évacuer. En cas de fortes pluies, le réseau municipal se trouve engorgé et un mélange d’eaux usées et d’eaux pluviales peut faire reflux dans certains sous-sols. Pour contrer ce phénomène peu ragoûtant, on devrait installer un clapet antireflux sur le tuyau d’égout principal. Le modèle le plus courant de ces clapets est constitué d’une rondelle en ABS placée à la verticale (ou presque) dans son cadre. Lorsque les eaux usées venant de la maison poussent sur la rondelle, celle-ci s’écarte et les laisse passer. Si, au contraire, les eaux usées viennent en sens contraire, la rondelle en ABS se plaque contre son cadre et les empêche de passer.
Cependant, le code québécois considère que ce type de clapet nuit à la circulation de l’air et n’autorise pas son installation sur un tuyau d’égout principal. On est donc renvoyé à un autre type de clapet, moins courant et plus coûteux. La rondelle de ce dernier (qui n’est pas ronde, mais carrée en fait) est normalement horizontale. Les eaux usées venant de la maison la franchissent donc sans obstacle. Mais si les eaux usées reviennent en arrière, elles s’engouffrent sous des canalisations, de chaque côté de la rondelle, la relèvent et la plaquent contre son cadre, lui permettant de bloquer les eaux usées provenant du collecteur municipal.
À un simple examen de ce deuxième type de clapet, on peut se demander s’il se fermerait vraiment si, par hasard, d’abondantes eaux usées venant de la maison (sans compter l’eau de pluie) écrasaient la rondelle horizontale au moment précis où les eaux usées venant du collecteur municipal feraient reflux vers la maison. C’est sans doute pour cette raison que le code québécois limite l’emploi de ce type de clapet aux maisons d’un seul logement.
Pour les maisons à plusieurs logements, on est renvoyé à l’installation de clapets anti-reflux sur les dérivations secondaires, par exemple: un clapet anti-reflux sur le tuyau d’évacuation d’un avaloir de sol (au sous-sol), un autre sur le tuyau d’évacuation d’un évier de sous-sol, et ainsi de suite. De cette façon, on limite le reflux possible des eaux usées tout en évitant un éventuel blocage d’un clapet installé sur le tuyau d’égout principal.
Remarque très importante.— Un clapet antireflux empêche les eaux usées venant du collecteur municipal de faire retour vers le sous-sol de la maison. Il ne faut pas oublier, cependant, que tout recours aux égouts municipaux devient momentanément impossible. Par conséquent, toute utilisation des renvois d’eau et, à plus forte raison, toute utilisation des chasses d’eau doit absolument cesser. Autrement, les eaux usées de la maison s’accumuleraient dans le tuyau d’égout (horizontal), puis dans la colonne de chute, et finiraient par déborder dans les installations sanitaires du rez-de-chaussée (à moins que le sous-sol soit inondé avant, ce qui n’est guère plus désirable). Les eaux pluviales (si elles sont habituellement évacuées par le collecteur sanitaire municipal) posent aussi un problème sérieux, puisqu’elles continuent à se déverser qu’on le veuille ou non. Il faut donc prévoir un moyen de les évacuer lorsque le collecteur municipal cesse de fonctionner. Si on a prévu qu’une pompe immergée évacue l’eau du sous-sol par le biais des égouts de la maison, on peut envisager de l’utiliser pour diriger les eaux pluviales, au besoin, vers l’arrière de la maison plutôt que vers le tuyau d’égout principal.
14) Une pompe immergée pour éviter l’inondation du sous-sol; évacuation des eaux pluviales
Voici quelques détails sur l’installation d’une pompe immergée, qui permet en temps normal de retourner l’eau du sous-sol dans le tuyau d’égout principal et qui permettrait, ici, d’éviter l’inondation du sous-sol par les eaux pluviales.
Les eaux pluviales qui pénètreraient dans le sous-sol par le drain de plancher, devraient se retrouver par gravité dans le bassin de rétention de la pompe, si on a pris la précaution de l’installer à proximité du drain de plancher. Il suffirait alors d’évacuer l’eau vers l’arrière de la maison en fermant une « valve » A sur le tuyau qui conduit normalement l’eau vers le tuyau d’égout et en ouvrant une « valve » B qui, temporairement, la dirige vers l’arrière de la maison.
Rien n’empêche, évidemment, de récupérer cette eau de pluie pour l’arrosage du jardin, si la chose présente quelque intérêt. D’ailleurs, un document publié en 2015 par la Régie du bâtiment du Québec mérite l’attention, autant pour ses propositions en matière d’évacuation des eaux pluviales que les possibilités qu’il offre pour l’éventuelle récupération de ces mêmes eaux; privilégier, le cas échéant, la descente pluviale interne du document de la Régie du bâtiment du Québec, dont voici un schéma:
(Schéma emprunté au «Guide sur l’évacuation des eaux pluviales d’un bâtiment existant à toit plat», Régie du bâtiment du Québec, 2015, page 9)
En bref, on propose ici de prolonger la colonne de chute traditionnelle de 150 millimètres (6 pouces) à l’extérieur (en pointillé sur le schéma) et d’utiliser l’avaloir de toit (ou drain de toiture) pour diriger l’eau de pluie soit, normalement, vers l’égout municipal, soit, en cas de fortes pluies qui peuvent causer des reflux, vers l’arrière de la maison (en bleu sur le schéma). Voir avec un plombier s’il ne serait pas possible d’installer une «valve», près de la colonne de chute (entre B et F). Celle-ci permettrait, en effet, de récupérer l’eau de pluie si on le désire.
15) Cas où on n’a pas accès à un collecteur d’égout municipal
L’évacuation des eaux usées dont il a été ici question suppose qu’on a accès à un collecteur d’égout municipal. Si ce n’est pas le cas, on peut procéder à l’installation de ce que les Européens appellent une micro station d’épuration, en respectant scrupuleusement, bien sûr, les normes et bonnes pratiques locales. (http://micro-station.mon-assainissement.fr/)
Quelques fabricants européens de micro stations d’épuration:
Ecodena (fabricant espagnol signalé par P. F. le 18 septembre 2017); voir vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=rxxF7Xw7Ies);
Delphin (fabricant allemand, dont on dit parfois du bien); voir ce document: (http://www.assainissement-non-collectif.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_d_utilisation_DELPHIN_-_DELPHIN_compact_-_4_6_12_EH_-_Avril_2013_cle7d9ad8.pdf)
SMVE (fabricant français, dont le la micro station EYVI reçoit parfois des commentaires favorables); voir ce document: (http://www.smve.fr/documents/0/dossier_technique_eyvi_bsi_7_pte.pdf)
Pour ce qui regarde le Québec, on parle plutôt de fosses septiques autonomes, à système de traitement secondaire avancé, assez exigeantes financièrement et techniquement, mais qu’il faut vidanger moins souvent que les systèmes en usage en Europe. (http://vieenvert.telequebec.tv/sujets/502/fosses-septiques)
Quelques fabricants québécois:
Bionest, dont certaines personnes disent du bien (http://extreme-precision.forum-2007.com/t54266-discussion-de-fosse-septique-ecoflo-vs-bionest).
DBQ Expert, qui met sur le marché le produit Enviro-Septic, vanté en 2008 par le commentateur Yves Perrier (http://www.lapresse.ca/maison/immobilier/conseils/200808/04/01-872491-un-systeme-depuration-des-eaux-usees-plus-performant.php)
Premier Tech Aqua, dont le système Écoflo est parfois apprécié, bien que le changement de tourbe paraisse coûteux (http://extreme-precision.forum-2007.com/t54266-discussion-de-fosse-septique-ecoflo-vs-bionest).
Pour une évaluation comparée de ces produits, voir les commentaires de Jacques Désislets, datés d’avril 2014, sur un site d’intérêt municipal (http://www.quebecmunicipal.qc.ca/index.asp?module=forum&action=messages&discussion=921). Un peu plus loin, sur le même site, Martin A. se plaint, en juillet 2016, d’être prisonnier de l’entreprise Premier Tech Aqua.
16) Dimensions des tuyaux d’évacuation des eaux usées
Reprenons, dans le même ordre, la liste du chapitre précédent des appareils sanitaires de notre maison et voyons, pour chacun, le diamètre de son tuyau d’évacuation et sa charge hydraulique exprimée en facteur d’évacuation (différent, on s’en doutera, du facteur d’alimentation) :
WC: diamètre 3 po, facteur d’évacuation 4
lavabo : diamètre 1 ½ po, facteur d’évacuation 1 ½
laveuse : diamètre 1 ½ po, facteur d’évacuation 1 ½
évier : diamètre 1 ½ po, facteur d’évacuation 1 ½
lave-vaisselle diamètre 1 ½ po, facteur d’évacuation compris dans celui de l’évier
bain : diamètre 1 ½ po, facteur d’évacuation 1 ½ .
(données tirées de Légaré 2003, 2005, p. 77, « Diamètre minimal des tubulures de sortie et charge hydraulique des appareils »)
Ces données nous permettent, d’une part, de savoir quel doit être le diamètre des tuyaux d’évacuation des divers appareils, mais aussi de savoir quelles sont les exigences globales des appareils pour ce qui concerne les dimensions du tuyau d’égout (ou collecteur sanitaire). Si on additionne les facteurs d’évacuation, on obtient un total de 10, chiffre qu’il faut doubler, car notre maison compte deux étages . On parle donc, ici, d’un facteur d’évacuation global de 20.
Mais il faut compter, en plus, le drain de toiture (ou avaloir de toit), car celui-ci est souvent branché sur le collecteur sanitaire. Si le drain de toiture a un diamètre de 4 pouces, sa charge hydraulique exprimée en facteur d’évacuation est de 6 (données tirées du tableau 4.10.2 reproduit par Légaré 2003, 2005, p. 78, que nous préférons ici aux résultats moins exigeants obtenus par le même auteur, aux pages 165-168, lorsqu’il parle spécifiquement des descentes pluviales).
Enfin, il faut tenir compte d’une éventuelle pompe immergée destinée à évacuer l’eau du sous-sol. Légaré 2003, 2005, pp. 115-118, évalue qu’une pompe dont le tuyau d’évacuation a 2 pouces de diamètre et dont la puissance est de 3,1 litres par seconde a un facteur d’évacuation (énorme) de 82.
Conservons ce chiffre et faisons l’addition :
20 + 6 + 82 = 108.
Nous sommes maintenant en mesure de conclure que le tuyau du collecteur sanitaire doit avoir un diamètre de 4 pouces. C’est ce chiffre, en effet, qui nous est fourni par le tableau 4.10.6.C, que l’on retienne une pente de 1:50 (2% ou ¼ po par pied) ou une pente de 1:100 (1% ou 1/8 po par pied). 108 se situe en effet entre 27 et 240 pour le premier cas et est inférieur à 180 pour le deuxième cas. (Voir Note 4, à la fin du présent chapitre.)
En résumé :
le tuyau d’égout doit avoir un diamètre de 4 po;
les toilettes doivent avoir un tuyau d’évacuation de 3 po;
le lavabo doit avoir un tuyau d’évacuation de 1 ½ po;
la laveuse doit avoir un tuyau d’évacuation de 1 ½ po
l’évier doit avoir un tuyau d’évacuation de 1 ½ po
le lave-vaisselle doit avoir un tuyau d’évacuation de 1 ½ po
le bain doit avoir un tuyau d’évacuation de 1 ½ po.
(Voir plus de détails à la Note 5.)
Situations où un collecteur d’égout municipal n’est pas accessible
Passons maintenant à la question de la ventilation des tuyaux d’évacuation, très importante dans toute installation de plomberie. Mais d’abord, quelques questions et réponses.
17) Questions et réponses
Question de F. D., le 2 novembre 2019:
Je suis à la recherche de solutions pour des gros problèmes de remontée de mauvaises odeurs dans ma maison et notamment dans la salle de bain où j’ai compris qu’il n’y avait pas de ventilation de vanne. Dans la salle d’eau, une évacuation sert à 2 lavabos, un toilette et une douche. Plusieurs fois par semaine il y a de très mauvaises odeurs de toilettes dans cette pièce et j’ai l’impression que cela provient de la douche et j’ai le même problème dans la cuisine, mais de façon plus modérée.
La salle de bain n’a pas de fenêtre mais une VMC y extrait l’air humide. Le toit est entièrement en verre tri-feuilleté et je ne peux pas créer d’évacuation verticale vers l’extérieur. J’ai installé deux siphon Wirquin sur les lavabos mais sans succès…
Que faire? j’ai fait venir un plombier qui m’a dit en gros de mettre un tissu humide sur l’évacuation de la douche lorsqu’elle ne sert pas… je ne peux pas me résoudre a ne pas trouver de VRAIE solution… mais je manque de piste…
Réponse de Maurice Tremblay:
Vous avez bien raison de vous inquiéter de ces odeurs suspectes qui remontent des canalisations des eaux usées. Il y aurait peut-être à faire des vérifications sur la conformité de votre installation avec les normes de plomberie en vigueur dans votre région. L’expédient de boucher la crépine de la douche est certainement insuffisant. Plus précisément, il faudrait voir si le tuyau d’évacuation de la douche (et des deux lavabos) est bien muni d’une section en U qui conserve l’eau dans la portion inférieure du U. (Cette eau est censée bloquer le retour des odeurs de plomberie.)
Par la même occasion, voir s’il est possible d’agrandir les tuyaux d’évacuation: lorsque les possibilités de ventilation de la plomberie sont limitées, le fait d’agrandir les tuyaux d’évacuation permet à l’air de circuler dans la partie supérieure du tuyau, l’eau circulant dans la partie inférieure. Si tout est au point de ce côté, il faudrait faire examiner l’évacuation de la toilette: elle devrait normalement être branchée sur le tuyau d’égout principal plus bas que les lavabos et la douche (très important).
Si tout ce qui précède est aux normes, il faudra peut-être vous résigner à faire modifier le branchement d’évacuation de la toilette et vous attendre à faire défiler plusieurs plombiers, jusqu’à ce que l’un d’eux accepte de relever le défi (à un prix acceptable). Hélas, il ne m’est pas possible d’être plus précis, car ma seule expérience concrète de problèmes de plomberie en France concernait une contre-pente dans un tuyau d’évacuation, sans retour d’odeurs.
Question de F. B., le 3 août 2021:
Notre bâtiment est muni de tuyaux d’évacuation plus gros que le minimum requis et des tuyaux de ventilation émergent du toit. Les eaux usées sont dirigées vers une fosse septique dont les odeurs, hélas, se répandent autour de la maison, surtout quand la laveuse fonctionne. Prolonger l’évent plus haut serait-il utile? Sinon, comment dévier les gaz ou mieux les disperser?
Réponse de Maurice Tremblay:
Tuyaux d’évacuation plus gros que le minimum exigé par le code, évents judicieusement placés sur la plomberie, voilà d’excellentes mesures pour rendre la plomberie plus efficace.
Sur les problèmes d’odeurs liés à la fosse septique, il faut bien sûr vérifier l’efficacité des U des tuyaux d’évacuation. Si tout est beau de côté, voir l’article suivant, que vous connaissez peut-être déjà
:https://www.bio-sol.ca/blog/fr/odeur-fosse-septique/
Cet article suggère de bien vérifier le couvercle de la fosse septique, puis d’ajouter au besoin une extension au tuyau de ventilation (ce qui va dans le sens de votre première question). Il est aussi question d’ajouter un filtre au charbon, dans l’espoir de réduire les odeurs.
Si aucune amélioration n’est perceptible, même après avoir passé en revue les autres suggestions contenues dans l’article, il faudra peut-être vous résigner à faire inspecter votre système par un plombier de confiance.
_________________
Note 4
Diamètre du collecteur sanitaire en fonction de sa pente et de sa charge hydraulique
1) Diamètre du collecteur sanitaire si sa pente est de 1:50 (2% ou ¼ po par pied):
3 pouces pour une charge hydraulique maximale, en facteur d’évacuation, de 27
4 pouces pour une charge hydraulique maximale, en facteur d’évacuation, située entre 27 et 240
2) Diamètre du collecteur sanitaire si sa pente est de 1:100 (1% ou 1/8 po par pied):
4 pouces pour une charge hydraulique de 180 et moins
(extrait du tableau 4.10.6.C « Charge hydraulique maximale pour un collecteur sanitaire ou un branchement d’égout sanitaire » reproduit par Légaré 2003, 2005, p. 79)
Note 5
Ce chapitre 2 repose en bonne partie sur Légaré 2003, 2005, p. 17-114, mais fait abstraction, autant que possible, des considérations portant sur la ventilation. Accessoirement, il utilise certains éléments de Smith 2001, 2008, en particulier les pages 292-295.
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