LES RUDIMENTS DU SECOURISME, MODULE 4: LES URGENCES CIRCULATOIRES

Plan du module 4

Les urgences circulatoires sont des maladies ou des blessures soudaines touchant le cœur ou les vaisseaux sanguins. Ce sont:

1. la crise cardiaque,

2. la crise d’angine,

3. l’AVC (Accident vasculaire cérébral)

4. et sa variante plus légère, l’AIT (accident ischémique transitoire),

5. l’hémorragie externe grave

6. et l’hémorragie interne grave.

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Étant donné que chaque minute compte en cas d’urgence circulatoire, la survie de la personne dépend souvent de la rapidité d’intervention de secouristes et des soins qu’ils donnent avant l’arrivée des paramédics qui prennent le relais.

1) LA CRISE CARDIAQUE


Une crise cardiaque survient lorsque le cœur ne reçoit pas suffisamment d’oxygène parce que l’une des artères qui l’irriguent est bloquée.

Signes à observer en cas de crise cardiaque

Les signes et les symptômes d’une crise cardiaque varient d’une personne à l’autre et sont parfois différents chez la femme et chez l’homme. Ils peuvent aussi varier d’une crise cardiaque à une autre chez une même personne.

Une personne atteinte d’une crise cardiaque peut éprouver une douleur thoracique, de légère à insupportable. Elle peut se plaindre d’une pression, d’une contraction, d’un serrement, d’une douleur ou d’une lourdeur dans la poitrine. La douleur ou l’inconfort sont persistants et durent plus de 3 à 5 minutes. Le repos, le changement de position ou la prise de médicaments ne parviennent pas à les soulager. Il est parfois difficile de distinguer la douleur d’une crise cardiaque de celle causée par une indigestion, des brûlures d’estomac ou un spasme musculaire.


Voici d’autres signes et symptômes d’une crise cardiaque :

-Inconfort ou douleur qui s’étend à un ou deux bras, à la mâchoire, à l’épaule, au cou ou (plus couramment chez les femmes) au dos ou à la partie supérieure de l’estomac

-Difficulté à respirer (p. ex., respiration bruyante, essoufflement ou respiration plus rapide que la normale)

-Peau froide et moite

-Peau, lèvres et doigts de couleur bleuâtre, cendre (gris) ou plus pâle que la normale

-Sensations d’anxiété, de déni et de mort imminente.

Signes plus subtils de crise cardiaque


Lors d’une crise cardiaque, bon nombre de femmes, de personnes âgées et de personnes souffrant de diabète ont tendance à ressentir des «signes subtils», plus bénins et généralisés que les signes et symptômes «classiques» de crise cardiaque. Ces «signes subtils» peuvent être ressentis pendant des heures, des journées, voire des semaines, avant la crise cardiaque et ne sont souvent pas pris au sérieux, mais considérés comme normaux.


Les «signes subtils» de crise cardiaque sont notamment :

-Un inconfort léger et diffus au niveau de la poitrine qui :
.se dissipe et revient;
.n’est pas nécessairement douloureux ;
.diminue avec le repos et s’aggrave lors de la pratique d’activités ou s’amplifie graduellement

-Fatigue extrême (épuisement)

-Malaise gastrique, nausées ou vomissements

-Symptômes semblables à ceux de la grippe

-Étourdissements.

Que faut-il faire en cas de crise cardiaque?


Il faut d’abord appeler:
si vous soupçonnez qu’une personne est en train d’avoir une crise cardiaque, appelez le 9-1-1 et procurez-vous immédiatement un DEA (un défibrillateur externe automatisé).

Il faut ensuite secourir la personne:

-Installez la personne dans une position confortable.

Selon les instructions de la personne qui répond au 9-1-1, vous pourriez aider la personne à prendre de la nitroglycérine (si elle a déjà en main une prescription de ce produit) ou de l’aspirine (une seule dose adulte).

Note: Les autres sortes d’analgésiques, comme l’acétaminophène (par exemple, Tylenol) ou l’ibuprofène (par exemple, Advil), ne produisent pas le même effet que l’aspirine sur la réduction des dommages causés par les crises cardiaques. Il ne faut donc pas remplacer l’aspirine par de l’acétaminophène ni par de l’ibuprofène.

-Rassurez la personne, car l’anxiété peut augmenter l’inconfort ressenti.

2) LA CRISE D’ANGINE


Une crise d’angine survient quand le cœur ne reçoit pas suffisamment d’oxygène. Il s’agit du produit de la combinaison de deux facteurs : 1) le rétrécissement des artères en raison d’une maladie cardiovasculaire, ce qui réduit le débit sanguin; 2) l’augmentation des besoins en oxygène du cœur (par exemple, pendant une activité physique ou un stress émotionnel).

Une crise d’angine cause un serrement douloureux, une suffocation ou une sensation de brûlure dans la poitrine. Une hypertension non contrôlée, de l’anémie et certains troubles cardiaques peuvent également être des facteurs de risque d’angine. Les signes et les symptômes d’une angine ressemblent à ceux d’une crise cardiaque, mais la douleur est généralement déclenchée par une activité physique ou le stress. La douleur se dissipe si la personne se repose et est souvent soulagée par l’administration de médicaments (par exemple, nitroglycérine). Étant donné qu’il est impossible pour les secouristes de distinguer une angine d’une crise cardiaque, il faut traiter une personne souffrant d’angine comme si elle subissait une crise cardiaque.

Vous devez toujours appeler le 9-1-1 si vous soupçonnez qu’une personne est peut-être en train de faire une crise cardiaque. Il est préférable de faire venir les paramédics et de ne pas en avoir besoin que de risquer qu’une personne faisant une crise cardiaque ne reçoive pas de soins médicaux.


Bien des gens repoussent le moment d’appeler à l’aide alors qu’ils ont une crise cardiaque, dans l’espoir que les signes et les symptômes soient ceux d’un problème de santé moins grave, qui se dissipera avec le temps, comme une indigestion, des brûlures d’estomac, une foulure musculaire ou la grippe. Souvent, les gens ont peur d’appeler le 9-1-1 pour une «fausse alerte». Sans intervention médicale immédiate, les crises cardiaques sont souvent fatales. Par conséquent, le risque pris en n’appelant pas les secours est bien plus grand que les inconvénients que pourrait causer l’appel à l’aide.

3) L’ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL (AVC)


Un accident vasculaire cérébral survient lorsque le débit sanguin vers une partie du cerveau est interrompu, ce qui provoque la mort de cellules du cerveau. Les AVC peuvent endommager le cerveau de façon permanente, mais lors d’intervention rapide, on peut parfois arrêter les lésions ou les réparer. Bien que les AVC soient plus fréquents chez les adultes âgés, on peut en avoir à tout âge, y compris enfant.

Causes de l’accident vasculaire cérébral


a) Rupture d’anévrisme


Un AVC hémorragique se produit en cas de rupture d’anévrisme cérébral. Un anévrisme cérébral est une partie fragile et dilatée de la paroi d’une artère transportant le sang vers le cerveau. Une rupture d’anévrisme cause une hémorragie dans les tissus environnants, ce qui tue les cellules du cerveau alentour et entraîne un AVC.


En général, aucun signe ni symptôme n’indique la présence d’un anévrisme cérébral intact, c’est pourquoi il peut ne pas être détecté. Toutefois, un anévrisme cérébral non rompu peut exercer une pression sur certaines zones du cerveau et, selon la gravité et l’emplacement de l’anévrisme, causer des signes et des symptômes comme une douleur au cou, de violents maux de tête, une vision trouble et des troubles de la parole.


b) Caillot sanguin


Un AVC ischémique survient quand un caillot se loge dans une artère du cerveau, en général après rétrécissement de cette dernière par une maladie cardiovasculaire. L’occlusion (la fermeture) empêche la circulation du sang jusqu’aux cellules du cerveau irriguées par l’artère.


c) Tumeur au cerveau


Un AVC peut également être le résultat d’une pression exercée par une tumeur cérébrale sur une artère. La tumeur a un effet similaire à celui du caillot sanguin; elle réduit ou empêche l’irrigation sanguine d’une partie du cerveau.


Prévention d’un accident vasculaire cérébral (AVC)


Étant donné que les facteurs de risque de l’AVC sont similaires à ceux des maladies cardiaques, on peut réduire le risque en adoptant les changements de mode de vie conseillés pour la prévention des maladies cardiovasculaires.

Signes à observer lors d’un AVC

Les signes et les symptômes de l’accident vasculaire cérébral peuvent varier d’une personne à l’autre. En cas d’AVC, la personne peut soudainement présenter un ou plusieurs des signes et symptômes suivants :

-Mal de tête grave et soudain

-Étourdissement ou confusion

-Absence de réaction ou perte de connaissance temporaire

-Perte de contrôle soudaine de la vessie ou des intestins.

L’abréviation VITE peut aider à déterminer si quelqu’un fait un AVC:

V: VISAGE — Engourdissement ou faiblesse au visage, particulièrement
d’un côté.

I: INCAPACITÉ — Engourdissement ou faiblesse au bras, particulièrement
d’un côté.


T: TROUBLE DE LA PAROLE — Élocution anormale, difficulté à parler ou à comprendre, ou perte de la parole.


E: EXTRÊME URGENCE — La situation est urgente; appelez immédiatement le 9-1-1.

Que faut-il faire quand quelqu’un fait un AVC?

Comme indiqué ci-haut, il faut appeler le 9-1-1. Il faut aussi se procurer un DEA.

Il faut ensuite secourir la personne:

Installez la personne dans une position confortable. Si la personne préfère s’allonger, ne réagit pas, bave ou éprouve de la difficulté à avaler, placez-la en position latérale de sécurité. (Voir la section 3.2 du module 2.)

-Notez l’heure de début des signes et symptômes (sinon, indiquez l’heure à laquelle on sait que la personne se sentait bien).

-Surveillez l’état de la personne et rassurez-la jusqu’à ce que les paramédics arrivent sur les lieux, car un AVC peut être terrifiant.

4) L’ACCIDENT ISCHÉMIQUE TRANSITOIRE (AIT)


L’accident ischémique transitoire (AIT), également appelé «mini-AVC», est causé par une baisse temporaire du débit sanguin dans une partie du cerveau. Un AIT peut être provoqué par une tumeur ou un caillot dans une artère cérébrale. Les signes et les symptômes de l’AIT sont identiques à ceux de l’AVC, mais ils disparaissent en quelques minutes ou en quelques heures.


Toute personne subissant un AIT présente un risque très élevé d’AVC dans un avenir proche. En effet, plus de 10 % des personnes ayant souffert d’un AIT sont victimes d’un AVC dans les trois mois qui suivent, la moitié de ces accidents vasculaires cérébraux se produisant moins de 48 heures après l’AIT.

Les signes et les symptômes d’AIT disparaissent après quelques heures, mais la personne doit tout de même être examinée par un professionnel de la santé. Les AIT sont des signes précurseurs et sont souvent suivis rapidement par un AVC. Il faut toujours appeler le 9-1-1 si la personne a montré des signes et des symptômes d’AIT ou d’AVC, y compris en cas d’atténuation ou de disparition totale de ces signes et symptômes.

Parlons maintenant des hémorragies graves


Une hémorragie est considérée comme grave lorsqu’il y a une perte de sang importante externe (à l’extérieur de l’organisme) ou interne (à l’intérieur de l’organisme). Une hémorragie grave survient en cas de rupture d’un ou plusieurs vaisseaux sanguins. Elle doit être immédiatement contrôlée. L’hémorragie provenant des artères (hémorragie artérielle) est souvent abondante et rapide; elle met toujours la vie en danger. En effet, le sang artériel est directement soumis à la pression venant du le cœur; c’est pourquoi il jaillit généralement en jet de la blessure, rendant difficile la coagulation. Il est donc moins facile de contrôler une hémorragie artérielle qu’une hémorragie des veines ou des capillaires.

Les veines sont plus souvent atteintes que les artères, car elles sont plus près de la surface cutanée. L’hémorragie des veines (hémorragie veineuse) est plus facilement contrôlable que l’hémorragie artérielle. Parce que la pression subie par le sang veineux est inférieure à celle du sang artériel, le sang veineux coule de la blessure à un rythme régulier
sans jaillir. Seules les lésions aux veines profondes du corps, notamment celles du torse ou de la cuisse, produisent une hémorragie abondante difficilement contrôlable.

5) L’HÉMORRAGIE EXTERNE GRAVE


Signes à observer en cas d’hémorragie externe grave

Les signes et les symptômes de l’hémorragie externe grave sont les suivants :

-Sang jaillissant par jets et s’écoulant rapidement d’une plaie

-Absence de coagulation du sang quand on a pris toutes les mesures nécessaires au contrôle du saignement

-Perte de sang importante.

Que faire en cas d’hémorragie externe grave?

Il faut d’abord appeler le 9-1-1.

Il faut ensuite secourir la personne victime d’une hémorragie externe grave:

-Exposez la blessure.

-Appliquez une pression directe et ferme sur la plaie

-Tout en maintenant une pression directe, couvrez la plaie d’un pansement et maintenez-le en place au moyen d’un bandage.

-Examinez la plaie pour voir si la pression a arrêté l’hémorragie. Si ce n’est pas le cas, envisagez d’utiliser un garrot si la plaie se situe sur un membre.

Utiliser un garrot


Un garrot est une bande serrée autour d’un membre (par exemple un bras ou une jambe). Il comprime les vaisseaux sanguins pour arrêter une hémorragie grave dans les cas où les mesures normales de contrôle de l’hémorragie sont impossibles ou inefficaces.


Il existe des garrots en vente dans le commerce, mais on peut aussi en improviser un à l’aide d’une large bande de tissu (par exemple un bandage triangulaire). Si vous devez poser un garrot, il est préférable d’utiliser un garrot commercial qu’un garrot improvisé.

Suivez toujours les instructions du fabricant pour la pose du garrot. Bien que la conception des garrots puisse varier, ils se posent généralement tous de la même manière. Il ne faut jamais retirer un garrot après qu’il a été mis en place.

6) L’HÉMORRAGIE INTERNE GRAVE


Une hémorragie interne survient lorsque le sang s’écoule des artères, des veines ou des capillaires dans des cavités du corps. En général, une hémorragie interne grave se produit lors de blessure causée par un choc brutal et violent, par exemple après une chute de hauteur. Soupçonnez une hémorragie interne dans tous les cas de blessure liée à un coup
violent. Une hémorragie interne peut aussi se produire quand un objet tranchant, comme un couteau, traverse la peau et blesse les structures internes du corps.

Les signes et les symptômes d’une hémorragie interne grave sont les suivants :

-Ecchymose sur la région blessée

-Tissus mous (par exemple l’ abdomen) sensibles, enflés ou durs

-Sang dans la salive ou les vomissures

-Douleur

-Soif intense, nausées et vomissements

-Anxiété.

Que faut-il faire en cas d’hémorragie interne grave?

Il faut appeler le 9-1-1. Il faut aussi se procurer un DEA.

En tant que secouriste, vous ne pouvez pas apporter de premiers soins en cas d’hémorragie interne grave. Une hémorragie interne grave, particulièrement si elle est due à la lésion d’un organe, nécessite une intervention médicale à l’hôpital. Aidez la personne blessée à se reposer dans la position la plus confortable possible et continuez à vous occuper d’elle en attendant les paramédics. Retenez cependant qu’il ne faut rien lui donner par voie orale, même pas de l’eau, y compris si elle a très soif.

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Pour favoriser l’assimilation du contenu de ce module 4, répondez par écrit aux questions suivantes, en vous aidant du texte au besoin:

1. Que faut-il faire quand on soupçonne qu’une personne est en train de faire une crise cardiaque?

2. Comment l’abréviation VITE peut-elle aider à conclure qu’on est en présence d’une personne qui fait un AVC?

3. Que faut-il savoir sur les différents types d’hémorragie?

(Fin du module 4)