RENFORCER DES FENÊTRES ÉNERGÉTIQUES

Depuis plusieurs années, on nous vante les fenêtres à haut rendement énergétique, qu’on dit source de confort et d’économie d’énergie.  Il vaut peut-être la peine de vérifier ces prétentions, devenues presque des dogmes.  Rien ne vaut, à cet effet, un travail en cours, où de nouvelles fenêtres voisinent d’anciennes fenêtres depuis longtemps dépassées.

Dans un certain duplex, à Montréal, il y a huit grandes fenêtres de 48 pouces par 72 pouces (si l’on mesure les espaces bruts).  À l’origine, il y a cent ans, ces ouvertures étaient munies de fenêtres en bois à guillotine, dont le mouvement était facilité par des contrepoids soutenus par des cordes.  Il y a environ cinquante ans, ces fenêtres d’origine ont été remplacées par des fenêtres à cadre d’aluminium; il s’agissait de fenêtres doubles, dans le sens qu’une fenêtre extérieure était fixée au cadre extérieur et qu’une autre était fixée au cadre intérieur, à environ 8 pouces de distance.  Les nouvelles fenêtres (installées en partie au printemps et à l’automne 2014) sont des fenêtres en bois recouvertes à l’extérieur par de l’aluminium; ce sont des fenêtres à guillotine à double vitrage, avec verre à faible émissivité et présence d’argon dans la lame d’air.  Leur coefficient RE (rendement énergétique) est de 28, ce qui est tout à fait acceptable dans le sud-ouest du Québec.

(Pour plus de détails sur ces fenêtres, voir: http://wp.me/p4gjiA-cw)

Les circonstances font que quatre fenêtres énergétiques sont installées, alors que les quatre autres encore en place sont les fenêtres d’il y a cinquante ans.  On aura peut-être la surprise d’apprendre que, toutes choses étant égales par ailleurs, une nouvelle fenêtre énergétique permet un gain d’à peine un degré Celsius.  (La mesure a été prise avec deux thermomètres numériques calibrés, placés à environ 6 pouces des fenêtres, par température extérieure de moins 10 degrés Celsius, dans deux pièces non chauffées, sinon par l’étage du dessous, lui-même chauffé.  La lecture a été de 14 degrés Celsius près de la fenêtre énergétique et de 13 degrés Celsius près de la fenêtre à remplacer.)

Mais peut-être la situation serait-elle améliorée en fixant un film de plastique (dit pellicule thermorétractable ou thermorétrécissable) sur la moulure de la fenêtre avec un collant adhérant des deux côtés?  Toutes choses étant égales par ailleurs, ce film, également très vanté, améliore la situation d’un autre degré à peine.  Au total donc, une fenêtre énergétique (du moins cette fenêtre énergétique) munie d’un film isolant améliore la situation de 2 degrés Celsius.

Essayons maintenant une contre-fenêtre formée de deux feuilles d’acrylique (ou plexiglas) séparées par un intercalaire en bois de 1.6 centimètre (ou 5/8e de pouce).  Prenons la précaution de coller un plastique isolant de chaque côté de l’intercalaire en bois, de même que sur la moulure où sera appliquée la contre-fenêtre.  (Ces précautions visent à rendre la contre-fenêtre la plus étanche possible.)  Mettons la contre-fenêtre en place et fixons-la au cadre de bois de la fenêtre avec des vis à meubles, après avoir préalablement percé une quinzaine de trous dans la contre-fenêtre.

Cette contre-fenêtre, pourrait-on dire, est la cadillac des contre-fenêtres.  Eh bien, on aura la surprise de constater que l’écart de température mesuré, comme précédemment, près de la fenêtre énergétique et près d’une ancienne fenêtre encore en place, est identiquement de 2 degrés Celsius, même quand la température extérieure est de moins 20 degrés Celsius.

Autrement dit, un simple film de plastique a à peu près le même effet, en termes de température mesurée, que les solutions plus coûteuses comme les feuilles d’acrylique.  Et cela, sans compter que le film de plastique est infiniment moins encombrant que les feuilles d’acrylique, qu’il faut retirer au printemps et caser dans un lieu d’entreposage convenable pour la saison chaude.

Mais la température mesurée est-elle le seul facteur à considérer pour décider s’il faut ou non installer un film de plastique dans le cadre d’une fenêtre énergétique?  La réponse est non.  On sait que les météorologues opposent la température ressentie à la température mesurée.  Par exemple, une température mesurée peut être de moins 20 degrés Celsius, mais le facteur vent peut donner un impression de moins 30 degrés Celsius.  La même chose se produit lorsqu’on installe une contre-fenêtre (ou un simple film de plastique): cette dernière donne une impression de plus grand confort et elle a notamment comme effet de limiter ou même d’empêcher la condensation de l’humidité sur la fenêtre elle-même, même par grand froid.  Voilà qui n’est pas négligeable et qui ne semble pas être un simple effet placebo.

Conclusion: les fenêtre énergétiques actuelles (en 2014) ont leurs limites.  Il faut les aider en hiver en installant un film de plastique (ou un feuille d’acrylique) dans leur cadre.  À tout le moins, cette précaution limite les entrées d’air et réduit la condensation et même le gel sur la fenêtre elle-même.  Et tout bien pesé, la balance des avantages et des inconvénients va dans le sens de l’installation d’un film de plastique:

film plastique sur fenêtre 13 janv. 2015

(un moulure de pin jointé de 11/16 x 11/16 de pouce (soit à peu près 1.6 centimètre ou 5/8 de pouce) a été fixée avec des clous de finition sur le cadre en bois de la fenêtre; un collant adhésif des deux côtés a été installé sur la moulure de pin jointé; et enfin, un film de plastique conçu pour l’isolation a été étendu, en partant du haut, de façon à couvrir tout l’espace entre les quatre côtés de la moulure de pin;  on voit seulement le rebord du film de plastique sur la photo, car il est vraiment transparent.  Pour rendre le film de plastique encore moins visible, on peut le lisser en utilisant un séchoir à cheveux.  Si on juge peu esthétique une moulure de pin fixée sur le cadre de la fenêtre, on peut tout simplement fixer le film de plastique sur la moulure dorée, qui est ici une simple planche de pin de 2½ pouces par ¾ de pouce, mesures réelles.)

Autres aspects:

http://publications.gc.ca/collections/collection_2012/rncan-nrcan/M144-52-2011-fra.pdf

(Cette publication officielle du gouvernement du Canada contient des informations générales, sans s’étendre sur des produits précis.)

http://survitrage-isolation.com/index.html

(Noter qu’ici, on a affaire au site d’une entreprise du sud de la France, dont les produits ne sont pas disponibles au Québec, où ils seraient d’ailleurs peu adaptés; mais les informations fournies paraissent très fiables, comme on le voit notamment dans la section questions-réponses.)

http://zonevideo.telequebec.tv/media/19910/emission-174/le-code-chastenay

(Cette émission 174 du Code Chastenay (Télé-Québec), de la minute 8.30 jusqu’à la minute 16.35, porte sur l’amélioration de l’isolation des immenses fenêtres vitrées des gratte-ciels des centre-villes.  On parle surtout ici de l’installation d’une mince couche de tungstène sur ces fenêtres, qui permet de rendre le verre transparent ou opaque selon les conditions de chaleur ou de froid.  Pour le secteur résidentiel, on envisage de produire une pellicule de même type qui pourrait s’appliquer sur le verre de nos fenêtres et améliorer notablement leurs performances énergétiques.)