ENLEVER UN MUR PORTEUR

On peut vouloir retirer un mur porteur afin d’aérer les espaces d’une maison construite à une période où on privilégiait les petites pièces.

Ici, on envisage de remplacer un mur porteur du rez-de-chaussée d’une maison en rangée d’un quartier central de Montréal. C’est dire que la poutre devra supporter le plancher de l’étage du dessus, de même que le toit plat et sa charge de neige en hiver. La poutre fera la totalité de la largeur de la maison (25 pieds) et mesurera donc environ 24 pieds.

L’installation d’une telle poutre peut être illustrée par la vidéo suivante: https://www.youtube.com/watch?v=poBtAmMwXzE

Voici les principales étapes du travail illustrées par cette vidéo:

1) L’objectif final recherché

Objectif recherché: installer cette poutre laminée en lieu et place d’un mur porteur

2) Apparence de la poutre lamellée

Voici d’abord de quoi a l’air cette poutre formée de minces couches de bois réunies à l’aide d’une colle hydrofuge, souvent à base de formaldéhyde ou d’un produit qui en est dérivé:

Une section de poutre lamellée pour donner une idée de son allure générale

3) La mise en place d’un mur porteur temporaire

Avant de retirer le mur porteur qu’on veut remplacer par une poutre lamellée, il est essentiel de mettre en place un mur porteur temporaire comme celui-ci:

À l’avant-plan: partie d’un mur porteur temporaire à mettre en place AVANT de retirer le mur porteur à enlever

Voici le haut du mur porteur temporaire avec (petit anachronisme!) la poutre lamellée déjà en place:

Partie supérieure du mur porteur temporaire (avec à l’arrière, la poutre déjà en place afin d’indiquer clairement où doit se trouver le mur porteur temporaire)

4) Démolition du mur porteur

Un fois le mur porteur temporaire mis en place, on peut retirer le mur porteur dont on veut se défaire, après avoir pris la précaution de déplacer les prises de courant et les tuyaux de plomberie s’il y a lieu. Procéder avec précaution, autant pour limiter la poussière que pour être en mesure de réagir aux imprévus. Les sacs de déchets industriels Husky, particulièrement solides, pourraient servir à recevoir les déchets.

5) L’installation des sections de la poutre lamellée

On installe ensuite les différentes sections de la poutre lamellée:

Mise en place de la poutre laminée (par sections de la même longueur)

6) Les poteaux d’extrémité qui soutiennent la poutre lamellée

La poutre lamellée repose, à chaque extrémité, sur des poteaux comme celui-ci:

Poteau sur lequel repose la poutre lamellée (un à chaque extrémité)

7) Des serre-joints pour retenir les sections de la poutre lamellée

On maintient ensuite en place les différentes sections de la poutre avec des serre-joints afin de retirer le mur porteur temporaire:

Serre-joints pour tenir ensemble les sections de la poutre lamellée

8) Des tire-fonds pour réunir les sections de la poutre lamellée

Il faut maintenant réunir définitivement les sections de la poutre laminée à l’aide de tire-fonds comme celui-ci:

Tire-fond pour réunir les sections de la poutre lamellée

Enfin, on visse les tire-fonds:

Disposition des tire-fonds sur la poutre lamellée

9) L’aspect final de la poutre remplaçant un ancien mur porteur

Et voici le résultat global:

Résultat final: la poutre lamellée remplace un mur porteur préalable et remplit les mêmes fonctions

10) Les appuis au sous-sol des poteaux d’extrémités

Comme on l’explique en commentaire de la vidéo, il est essentiel que les poteaux soient prolongés sous le plancher et qu’ils reposent sur une base de béton au sous-sol. Le maître charpentier réfère aussi à l’évaluation de l’ingénieur en structure: « (T)he beams are supported by solid point load posts down to foundation or footings as per the engineer specification for the project« .

Justement, quelles seraient les recommandations d’un ingénieur en structure dans le cas présent? On peut d’abord consulter le site justanswer.com/structural engineering pour s’en faire une idée préalable. Voir par exemple: https://www.justanswer.com/structural-engineering/dha2c-want-remove-interior-wall-install-lvl.html, où il est question d’une poutre de 20 pouces de largeur, de 24 pieds de longueur, avec un coefficient d’élasticité E (ou e) de 2.2. (Voir ici pour obtenir plus de détails sur la façon d’évaluer la résistance du bois de construction.)

(Remarque importante: éviter de poser une question sur ce site, qui fait l’objet de nombreuses plaintes.)

Lorsqu’il est question d’installer une poutre lamellée avec une portée d’environ 24 pieds, les avis professionnels préalables parlent de quatre épaisseurs de 1 3/4 pouce (pour un total de 7 pouces) et d’une largeur de 16, 18 ou 20 pouces. Plus la charge est importante et plus on est au nord (et donc plus la charge de neige à prévoir est importante), plus on va vers une épaisseur de 20 pouces et au-delà. Ici, on parle d’une poutre au rez-de-chaussée qui devra soutenir le plancher de l’étage, plus le toit de l’étage, plus le toit plat (avec la charge de la neige l’hiver); on ira vraisemblablement au moins vers une largeur de 20 pouces (et quatre épaisseurs de 1 3/4 pouce). Le coefficient d’élasticité de ce produit (tel que mesuré par une machine) devrait élevé, soit de l’ordre de 2.2 (qualité ou grade 2.2E)

Mais il est essentiel qu’un ingénieur en structures examine les lieux attentivement, fasse les calculs appropriés et fournisse un avis professionnel précis, comprenant des recommandations sur les poteaux et leur base à prévoir au sous-sol.

11) Les coûts à prévoir

Cet avis d’un ingénieur en structures pourrait coûter un minimum de 1500$, si l’on en croit une firme du centre-ville de Montréal.

Quant à la poutre lamellée elle-même (1 3/4 pouce x 20 pouces x 24 pieds, avec un coefficient d’élasticité de 2.0, donc une qualité, moyenne, de 2.0E), on peut évaluer son coût à environ 300$ à l’unité, si l’on se fie au calculateur d’une entreprise américaine (Meynards). Plus près de nous, le fournisseur Canwel, contacté par les services spécialisés d’une grande surface, parle (ce 9 mars 2019) d’un prix de 285.36$ l’unité pour ce même produit, soit 1 3/4 pouce x 20 pouces x 24 pieds, qualité (moyenne) de 2.0E. Comme il en faut quatre unités, on obtient un total avant taxes de 1141.44$. Il faut évidemment ajouter le coût des poteaux qui soutiennent la poutre, de même que celui des poteaux au sous-sol et de leurs appuis. Pour la qualité (supérieure) 2.2E, les coûts seraient vraisemblablement plus élevés, en supposant que le produit soit disponible dans la région.

Bref, il serait surprenant que les coûts totaux soient beaucoup inférieurs à 10 000$, surtout si on confie le travail d’exécution à un entrepreneur et qu’on lui demande de refaire toute la finition.

Au total, remplacer un mur porteur par une poutre lamellée-collée a ses avantages, comme il a ses coûts. Il faut en plus vivre avec une poutre apparente, à moins de vouloir la dissimuler à toute force en rognant les solives et donc en les affaiblissant

Note sur la durabilité et la sécurité

Les produits comme le lvl appartiennent à la catégorie du bois d’ingénierie, plus pratique et plus résistant que le bois plein, même s’il coûte plus cher. Tous ces produits ont en commun de contenir une puissante colle hydrofuge, à base de formaldéhyde ou d’un produit qui en est dérivé, bien qu’on tende à en alléger les concentrations.  On peut se demander si ce produit finira par se désagréger et si la colle qu’il contient dégage des émanations allergènes (ou pire…).  Le principe de précaution (voir https://ww2.arb.ca.gov/resources/fact-sheets/formaldehyde) suggérerait de s’en tenir au bois plein, du moins quand il est disponible dans les dimensions qui nous intéressent.

Ici, on a affaire à une portée de 24 pieds, sans colonne centrale, et il est difficile de se passer du bois d’ingénierie. Mais pour des portées plus limitées, par exemple 12 pieds, il serait plus prudent de s’en tenir au bois plein (ou naturel):

Pièces de bois rough 2 pouces x 12 pouces, dimensions réelles
(rough sawn 2 x 12 timber)

Si on en juxtapose cinq, on obtient une poutre composite de 10 pouces (dimensions réelles) par 12 pouces, ce qui est fort respectable. Il s’agirait de voir avec un ingénier en structure si une telle poutre composite conviendrait pour notre projet.

Pour des pièces de 2 pouces x 12 pouces x 16 pieds (en fait 1 1/2 pouce par 11 1/4 pouces par 16 pieds, car il s’agit de bois plané), on peut regarder du côté de Canac à Longueuil. Encore là, Il resterait à voir ce que dirait un ingénieur en structure de la juxtaposition de quatre ou cinq de ces poutres aux fins de remplacer un mur porteur.

Enfin, il vaut peut-être la peine de mentionner que le bois plein (naturel) est beaucoup moins cher que le bois d’ingénierie.