DOUBLER LA DURÉE DE VIE D’UN CHAUFFE-EAU

Un chauffe-eau électrique, réduit à sa plus simple expression, a plus ou moins l’aspect suivant:

Squelette d’un chauffe-eau

L’eau froide entre en haut à droite et remplit la cuve; une fois l’eau chauffée, elle sort en haut à gauche et alimente éviers, douche(s) et bain(s). À gauche, à la verticale, on voit la tige d’anode, destinée à attirer les sels minéraux qui autrement s’attaqueraient à la cuve et l’endommageraient. La tige d’anode est souvent en magnésium (de l’acier recouvert de magnésium en fait), mais on peut préférer qu’elle soit en aluminium, métal plus flexible et malléable que le magnésium et l’acier.

Au milieu, en haut, on voit une partie de la soupape de surpression, indispensable pour éviter qu’une défectuosité fasse éclater la cuve. La voici plus en détail:

Soupape de surpression d’un chauffe-eau

À gauche, à l’horizontale, on voit deux éléments de chauffage électrique, remplacés sur d’autres modèles par un brûleur au gaz naturel. Les chauffe-eau au gaz plus sophistiqués n’abandonnent pas totalement l’électricité, puisqu’ils sont munis d’un ventilateur électrique qui évacue les produits de combustion vers l’extérieur:

Ventilateur électrique au-dessus d’un chauffe-eau au gaz

Il est recommandé d’actionner la soupape de surpression une fois par mois. Quand on la relâche, elle doit normalement cesser de couler. Si ce n’est pas le cas, il faut la remplacer.

De plus, il est souhaitable de vidanger, chaque mois, une partie de l’eau du chauffe-eau, pour éliminer saletés et bactéries. 

Procédure:

Couper l’arrivée d’eau froide en haut du chauffe-eau. Ouvrir le robinet situé à la base du chauffe-eau (drain valve) après y avoir branché un boyau d’arrosage.  Ouvrir un robinet d’eau chaude à l’étage supérieur pour faire une entrée d’air.  Laisser couler l’équivalent de la moitié d’un seau (qu’on peut vider près de la pompe immergée de la cave, s’il y en a une)  Refermer le robinet du chauffe-eau, puis le robinet d’eau chaude qui faisait office de prise d’air.  Réalimenter le chauffe-eau en eau froide de même qu’en électricité ou en gaz naturel. Rebrancher le ventilateur électrique (s’il y a lieu).

L’expérience, sur plusieurs années, montre que l’entretien régulier de la tige d’anode permet d’étirer substantiellement la durée de vie d’un chauffe-eau, n’en déplaise aux fabricants de chauffe-eau. La chose n’est guère possible dans les immeubles à appartements multiples, où on remplace systématiquement les chauffe-eau aux dix ans, parfois moins. On veut en effet limiter les dégâts d’eau provoqués par l’éclatement possible de la cuve du chauffe-eau. Mais il arrive parfois qu’on habite une maison individuelle et que le chauffe-eau est dans un sous-sol non fini, muni en plus d’une pompe immergée qui expulse l’eau qui s’accumule vers les égouts.

Dans une telle situation, il n’y a que des avantages à donner un peu d’amour à la tige d’anode. Si on bénéficie d’un espace libre de trois pieds au-dessus du chauffe-eau, on peut retirer et réinstaller l’anode en utilisant un ratchet (clé à cliquet) de dimensions appropriées, comme on le voit ici:

Clé à cliquet utilisée pour enlever et remettre une tige d’anode

(Prendre la précaution de couper l’arrivée d’eau de même que l’alimentation en gaz ou en électricité, ouvrir un robinet d’eau chaude à l’étage; actionner la soupape de sécurité pour laisser écouler un peu d’eau).

Les dimensions de la tête de l’anode étant standard, on n’a pas à s’inquiéter de cet aspect lorsqu’il faut la changer. Notons que pour retirer et installer la tige d’anode, le ratchet doit habituellement être prolongé par un tuyau de d’acier dont l’effet de levier est indispensable.

Une fois la tige d’anode retirée, on la nettoie à fond de façon à exposer le métal à l’action des sels minéraux de la cuve et donc à protéger celle-ci de leurs effets destructeurs. Quand elle est trop « mangée », on la remplace par une tige d’anode de même longueur, de préférence en magnésium. (Une tige d’anode rigide peut normalement s’acheter dans un centre de rénovation.)

Si l’espace au-dessus du chauffe-eau est réduit, il faut penser à mettre en place une tige d’anode flexible. Si on n’en trouve pas sur le marché local, il faut penser à commander sur Internet, où Amazon est actuellement incontournable. Voici de quoi a l’air une tige d’anode flexible:

Tige d’anode flexible

Si on refuse de s’associer à Amazon (entreprise réputée pour traiter très mal son personnel), on peut acheter une tige d’anode rigide en aluminium (plus souple que le magnésium) et la transformer en tige d’anode semi-flexible.

Il faut d’abord retirer la tige d’anode originale:

Procédure:

Retirer le bouchon de plastique marqué ANODE. Retirer l’isolant juste au-dessous pour libérer la tête de l’anode. Dévisser lentement la tige d’anode en tournant dans le sens anti-horaire, à l’aide d’un ratchet prolongé par un tuyau d’acier d’un pouce. Tirer l’anode au maximum vers le haut. Enserrer l’anode avec des pinces grip (pince-étau) près du trou dont on l’a retirée. Protéger les filets du trou en question avec une guenille. Couper l’anode avec une scie à fer au-dessus des pinces grip (on veut retenir la partie inférieure de l’anode pour éviter qu’elle tombe dans la cuve une fois coupée). Enlever la partie supérieure de l’anode. Retirer, à l’aide des pinces grip, la partie de l’anode encore immergée. Retirer la guenille et essuyer avec soin les filets du « trou ».

Il faut maintenant déterminer la longueur de l’anode à installer, qui ne peut pas toujours être identique à la longueur de celle qu’on vient de retirer (30 pouces ou 76 centimètres, souvent, pour un chauffe-eau au gaz de 50 gallons). Dans le cas qui nous occupe, la nouvelle anode devra être d’une longueur maximale de 26 pouces, soit le double de la section supérieure de l’anode que nous avons enlevée.

Il faut donc couper notre anode d’aluminium à 26 pouces. Puis, en plein milieu, il faut faire deux traits de scie à fer à 3/8 pouce de distance l’un de l’autre (profondeur: 3/8 pouce), l’objectif étant de faciliter le pliage.

On fait l’équivalent de l’autre côté, mais cette fois-ci, il faut retirer le métal découpé (3/8  » par 3/8") à l’aide de la scie à fer, qu’on place à 45 degrés. On plie alors l’anode d’aluminium à l’endroit des incisions: les incisions extérieures s’écartent un peu; le métal retiré de l’autre côté facilite le pliage.

Voici une illustration un peu grossière de ce qui précède:

Tige d’anode en aluminium, avec les incisions qui permettent de la plier

Il s’agit ensuite d’insérer la nouvelle anode dans le chauffe-eau, en la pliant plus ou moins selon l’espace dont on dispose au-dessus du chauffe-eau. À mesure que l’anode entre dans le chauffe-eau, on la redresse, en prenant appui sur les côtés du « trou », qui n’est est pas affecté, car il est d’un métal beaucoup plus dur que l’aluminium. On revisse lentement l’anode à l’aide du ratchet. On vérifie ensuite que tout est étanche avant de remettre le chauffe-eau en marche.

Il n’est pas rare que ce travail un peu pénible permet de prolonger la durée de vie d’un chauffe-eau jusqu’à près de 20 ans. Mais il faut savoir ignorer les rappels des compagnies d’assurances, surtout préoccupées d’éviter les réclamations. Or justement, il ne peut y avoir de réclamation ici, puisqu’il n’y a pas de dégâts possibles. Quant aux astuces de l’industrie du chauffe-eau (y compris les avis que l’entretien de la tige d’anode ne change rien à la durée de vie d’un chauffe-eau), il faut les attribuer au désir de garder les actionnaires heureux, et, par conséquent, les clients moins heureux.

Bref, il est difficile d’éviter d’entretenir régulièrement un chauffe-eau, à moins qu’on soit locataire d’un immeuble à logements qui a déjà ses procédures. Une fois par mois, on vérifie la soupape de surpression et on fait couler une certaine quantité d’eau afin de réduire débris et saletés. Quant à la tige d’anode, il faut la retirer une fois par an pour la nettoyer à fond. Si on doit la remplacer, il faut parfois opter pour une tige d’anode en aluminium qu’on transforme si nécessaire en tige d’anode semi-flexible. Au prix demandé pour les travaux de plomberie ces temps-ci, peu de gens refuseraient de prolonger de façon importante la durée de vie de leur chauffe-eau, au moins s’ils ont un minimum d’habileté et de goût pour les travaux d’entretien.