CONTINENT-GLOBE: S’ABSTENIR OU SE PRÉPARER À AGIR

Un jour ou l’autre, dans la vie, on est appelé à devoir aider une personne à se déplacer. S’il s’agit de courtes distances, c’est le fauteuil de transport qui s’avère l’option la plus pratique. Un coup d’œil sur les fauteuils disponibles sur le marché permet d’en identifier un qui attire l’attention par sa construction solide et le sérieux apparent de ses garanties. C’est le fauteuil de transport CGT, modèle de luxe, de la compagnie Continent-Globe. Si l’on ajoute qu’il s’agit d’une entreprise locale, qui fabrique aussi d’autres fournitures médicales de bonne qualité, on est aussitôt conquis.

Voici d’abord une photo de ce fauteuil, tel qu’on le trouve ici:

On notera en particulier les roues arrière de 12 pouces de diamètre, munies d’un système de freinage aux roues, mais aussi aux poignées, de même que les accoudoirs amovibles autant que les appuis-pied. Bref, on sort de chez le détaillant avec la certitude d’avoir réglé un problème pour un bon bout de temps.

Hélas, on déchante vite. En effet, les roues avant (de 8 pouces de diamètre) ont la détestable habitude de flageoler de gauche à droite, de faire des bye-byes en quelque sorte, au point de rendre la poussée difficile, et même de la bloquer complètement lorsqu’il devient nécessaire d’accélérer un peu.

Prenant la formulation des garanties au sérieux, vous vous présentez chez le détaillant et vous faites valoir que les roues avant semblent souffrir d’un problème de conception auquel il faudrait remédier. Vous vous faites offrir un remplacement des roues avant, pourtant neuves, sans plus. Si vous communiquez avec le fabricant lui-même, c’est le silence radio, y compris quand vous prenez la peine d’écrire une lettre (une vraie lettre) expliquant le problème autant qu’il vous est possible de le faire.

Autrement dit, autant le fabricant que le détaillant se fichent complètement du service après vente et ignorent allègrement les garanties. Entre-temps, vous avez toujours une personne à déplacer et vous devez trouver un expédient pour faire fonctionner convenablement ce maudit fauteuil de transport qui vous avait paru à l’achat rien de moins que la huitième merveille du monde.

Regardant autour de vous, vous remarquez que certains utilisateurs de fauteuils roulants un peu sportifs ajoutent une cinquième roue à leur véhicule:

De plus, il est possible d’ajouter un adaptateur pour fixer cette cinquième roue (appelée freewheel en anglais) à un fauteuil pliant comme le vôtre:

Petit problème: cet équipement d’appoint coûte plus cher que votre fauteuil de transport déjà de luxe. De plus, avec ou sans adaptateur, cet ajout doit supporter au moins la moitié du poids total, puisqu’il fonctionne en remplaçant les roues avant, lesquelles se soulèvent légèrement quand vous l’utilisez. Alors, il tiendra le coup combien de temps, cet ajout? Ce n’est peut-être pas pour rien qu’il est garanti pour un an seulement …

Finalement, vous vous dites qu’il vous faut mettre la main à la pâte et faire en sorte qu’à court terme, le fauteuil de transport soit utilisable. Et voici le résultat de vos efforts:

Tout simplement, vous avez placé deux longueurs de 2 x 4 sous la structure avant (ici, en cèdre, bois qui se travaille très facilement), après avoir mis le fauteuil tête en bas sur une chaise:

Vous avez rogné une section ou l’autre avec un ciseau à bois, histoire de mettre l’assemblage aussi à l’horizontale que possible.

Puis, vous avez fixé deux roues pivotantes de 5 pouces sur l’assemblage, en prenant la précaution d’utiliser sous les roues des blocs destinées à surélever l’avant du fauteuil (pour éviter que les anciennes roues avant problématiques ne touchent le sol).

Tout l’assemblage tient en place grâce à des tire-fond de 4 pouces et demi:

Une maladresse permet ici de voir (à droite) jusqu’où s’enfoncent les tire-fond.)

Vous avez utilisé des roues Everbilt faites pour des surfaces de bois, de tuiles ou de béton, qui ont la particularité de pivoter à l’horizontale et non à la verticale comme les roues flageolantes du fauteuil:

Il vous reste à remettre le fauteuil dans son sens habituel, après avoir mis en place deux bouts de feuillard destinée à lier solidement l’assemblage de bois à la structure du fauteuil.

Il faut alors utiliser des coins de bois pour parfaire le niveau, autant de gauche à droite que de l’avant à l’arrière. Cette opération est indispensable pour que les roues pivotent sans effort et qu’en plus, toutes deux touchent le sol de façon identique, sans que l’une soit plus haute que l’autre:

Désormais, votre fauteuil est fonctionnel, pour peu que vous ayez lubrifié les axes et les roulements à billes des roues, par exemple avec un lubrifiant léger comme le WD-40, ou mieux avec le Prolab PL-100 (le favori de certains serruriers). Vous pouvez vous rire, du moins pour le moment, de Continent-Globe et de ses garanties bidon.

Si vous songez toutefois à vous tourner vers l’Office de la protection du consommateur (et éventuellement vers la Cour des petites créances), préparez-vous à travailler un peu pour savoir d’abord si Continent-Globe apparaît toujours au Registre des entreprises du Québec.

À tout événement, votre fauteuil fera peut-être un jour l’objet d’un rappel, comme cela se voit souvent dans l’industrie automobile. Et entre-temps, vous avez en main un bon outil, dont l’avant-train, il est vrai, est un peu bricolé. Dites-vous que vous avez en quelque sorte participé à la grande marche en avant de l’humanité!