INSTALLER UNE BORNE DE RECHARGE ÉLECTRIQUE À LA MAISON (PRISE 2)?

Un article antérieur a décrit une façon simple et sécuritaire d’installer une borne de recharge pour autos électriques à la maison:

https://comprendreconstruire.wordpress.com/2018/11/06/installer-une-borne-de-recharge-electrique-a-la-maison/

Installer chez soi une borne de recharge électrique, c’est supposer que le moteur à explosion va progressivement reculer, et que l’exploitation du pétrole pour l’alimenter va continuer sa pente descendante. Les efforts désespérés de l’Arabie saoudite et de la Russie pour réduire la production et faire augmenter les prix, en ce début de décembre 2018,  montrent bien que les producteurs de pétrole sont aux abois.  Les pages d’annonces dans les journaux payées par le gouvernement de l’Alberta, en ce même début décembre, vont dans le même sens.

Ainsi, l’achat d’une auto hybride, puis d’une auto hybride rechargeable et enfin d’une auto électrique sont les trois étapes qui nous mèneraient au prochain paradigme de la conduite automobile: l’auto entièrement électrique. Celle-ci serait rechargée pendant la nuit au domicile, puis sur la route par un réseau de bornes publiques.  Ainsi, les États réduiraient leurs achats de pétrole et diminueraient par la même occasion la pollution de l’air.

Mais pourquoi alors des fabricants d’automobiles comme Toyota (avec son modèle Mirai) développent-ils aussi la technologie de l’auto à l’hydrogène et pourquoi un mouvement social comme celui des Gilets jaunes (https://fr.scribd.com/document/394475082/Les-revendications-des-gilets-jaunes#from_embed) revendique-t-il le développement d’une « industrie française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique »?

Le prochain paradigme de la conduite automobile serait-il non pas celui de l’auto électrique (à batteries), mais bien celui de l’auto à l’hydrogène?

À première vue, en effet, l’hydrogène, très abondant sur terre, serait le produit miracle susceptible de faire tourner le moteur électrique d’une voiture tout en ne rejetant du tuyau d’échappement qu’un sous-produit inoffensif, soit de l’eau.

Le problème, c’est d’obtenir de l’hydrogène.  À ce jour, il semble qu’il faille faire appel au méthane (CH4), qu’un procédé chimique permet de transformer en hydrogène (H2), mais avec un résidu de gaz carbonique (CO2), polluant reconnu pour contribuer aux effets de serre.  Quant à la production d’hydrogène (H2) à partir de l’eau (H2O), elle serait peu intéressante à cause des quantités énormes d’électricité nécessaires.

Mais qu’à cela ne tienne: des publications automobiles spécialisées annoncent presque une ère prochaine d’autos à l’hydrogène: https://news.autojournal.fr/news/1517559/Hydrog%C3%A8ne-pile-%C3%A0-combustible-%C3%A9cologie-innovation-technologie


Quant au fabricant Toyota, il se projette déjà dans cent ans avec son pari sur l’hydrogène:
https://www.reuters.com/article/us-toyota-hydrogen/toyota-plans-to-expand-production-shrink-cost-of-hydrogen-fuel-cell-vehicles-idUSKBN1KG0Y0

Mais revenons un moment sur terre et voyons ce qu’il convient d’acheter l’année prochaine pour remplacer une vieille Toyota Yaris en fin de vie.  Les possibilités les plus sérieuses à court terme, si on a l’argent nécessaire pour quitter ne serait-ce que partiellement le moteur à explosion, se résument au véhicule hybride rechargeable ou à l’auto entièrement électrique.  Et comme nous bénéficions au Québec d’une électricité relativement peu coûteuse, ce n’est pas demain la veille que notre borne de recharge électrique tombera en désuétude.

Voici, pour faire bonne mesure, une reprise de la procédure décrite ailleurs:

L’installation d’une borne de recharge domestique de 240 volts pour autos électriques ou hybrides rechargeables, plus rapide que la borne de 120 volts, doit prendre en compte les règles en vigueur au Québec en matière d’électricité.  Celles-ci, à partir du 1er octobre 2018, doivent se conformer minimalement à une nouvelle version  du Code de l’électricité, que le cahier explicatif publié par la RBQ reproduit avec des commentaires qui en font une sorte de vulgarisation.

En gros, le nouveau Code s’efforce d’encourager l’installation de bornes de recharge à la maison en acceptant qu’un circuit de cuisinière soit partagé, à certaines conditions, avec une borne de recharge pour auto, en allégeant le calcul de la charge pour les édifices à plusieurs logements et en évitant d’imposer un sectionneur (ou interrupteur ou commutateur) à proximité de l’appareil de recharge.  Nous allons éviter ici de tirer avantage de ces assouplissements, en visant une installation simple, pratique et souple qui se situe, autant que possible, au-delà des normes minimales en la matière.

La première chose à examiner quand on souhaite installer une prise de recharge, c’est la capacité de l’entrée électrique.  Si celle-ci fait 200 ampères, il n’y a pas en principe de problème particulier à ajouter une prise de recharge de 240 volts.  Celle-ci exige une puissance de 7200 watts (soit 240 volts x 30 ampères), convenant à la capacité de la plupart des autos actuelles,  mais il vaut mieux calculer 9600 watts (soit 240 volts x 40 ampères) et même 12000 watts (soit 240 volts x 50 ampères), car les autos de l’avenir augmenteront vraisemblablement leur capacité de «succion». Or une maison ou un logement ordinaire n’exige guère plus que 16 750  watts (5000 watts de base, plus 5000 watts pour le chauffage ou la climatisation, plus 6000 watts pour la cuisinière, plus 750 watts pour la sécheuse ).   Si on ajoute la puissance d’une prise de recharge de 240 volts (mettons 9600 watts), on obtient un total de 26 350 watts, soit à peine 110 ampères (26 350 watts ÷ 240 volts).   (Pour plus de détails, voir les méthodes de calcul de charge exposées ailleurs sur le présent site.)

Par ailleurs, l’installation d’une borne de recharge de 240 volts est le travail de l’électricien.  Il n’est donc pas question de faire soi-même ce travail.  Mais il faut savoir quoi demander à l’électricien et savoir à quoi s’attendre.

Supposons donc qu’on est locataire, au rez-de-chaussée, dans un immeuble de huit logements et qu’on dispose d’un des quatre espaces de stationnement situés à l’avant:

IMG_0698[1]

Supposons aussi qu’on veuille, avec l’accord du propriétaire, installer une prise de recharge de 240 volts un peu plus haut que la prise extérieure de 120 volts qu’on aperçoit près d’un des deux soupiraux:

prise extérieure NEMA 14-50

Il s’agit ici d’une prise à trois fils plus le fil de terre (soit quatre fils en tout), de format NEMA 14-50R.  Elle est munie d’un couvercle destiné à la protéger des intempéries et il est possible de la verrouiller à l’aide d’un cadenas.  Plus de détails à la prise, sur le site du distributeur.

Évidemment, le couvercle de la prise est étanche seulement si la prise elle-même n’est pas utilisée.  Mais il peut arriver qu’une auto soit branchée pendant une chute de pluie ou de neige.  C’est pourquoi il est souhaitable de protéger la prise par un petit auvent qui pourrait ressembler à celui-ci:

IMG_0714[1]

(Cette suggestion n’a rien d’original.  Elle est inspiré de l’article 26-702 paragraphe 3 du Code de l’électricité 2018 et des explications qui suivent cet article dans  le cahier explicatif de la RBQ.)

Notre intention est évidemment de disposer d’un câble mobile qui pourrait se brancher dans la prise de 240 volts:

borne de recharge Leviton EVB40-PST Evr-Green 400 EV

Le câble à utiliser doit être de calibre 6-3 plus fil de terre (soit quatre fils en tout):

cable électrique 6-3 avec gr.

Quant aux branchements à faire par l’électricien, ils ressemblent à ceci:

nema 14 50R branchement au breaker - Recherche Google

Comme on le voit, les fils noirs et rouges, qu’on appelle les fils vivants, vont du disjoncteur de 50 ampères aux bornes gauche et droite de la prise.  Le fil blanc est le neutre (neutral) qui fait le retour du courant; il se branche à la barre des neutres située sur l’entrée électrique.  Quant au fil vert (ou nu), c’est le fil de terre (le ground) et il se branche à une deuxième barre, distincte de la première, placée aussi sur l’entrée électrique:

ground bus bar electrical panel in canada

(Noter que l’illustration d’ensemble, ci-haut, reprend plutôt la pratique américaine consistant à brancher le neutre et le fil de terre sur la même barre ou bus, comme disent les Américains.)

Voici une vidéo, pour visualiser plus clairement les procédures habituelles de branchement.

On aura noté qu’il n’est pas suggéré ici de mettre un disjoncteur détecteur de fuites à la terre  (GFI Circuit Breaker) de 50 ampères dans l’entrée électrique pour protéger le circuit de cette borne de recharge.  C’est que ce genre de disjoncteur est fort coûteux et qu’il n’est pas d’ailleurs requis par le Code (voir l’article 26-710 dans le cahier explicatif de la RBQ).

En plus de cette installation de base, nous allons mettre, à l’intérieur du logement, un sectionneur destiné à couper le courant qui se rend à la prise extérieure 14-50R:

interrupteur de sécurité Siemens (60A)

Cet interrupteur a une capacité de 60 ampères, ce qui est plus que requis ici.  (Les interrupteurs de 50 ampères sont difficiles à trouver, car le Code ne les exige pas.)  Par ailleurs, il faudra disposer cet interrupteur sur le mur intérieur du logement, autant que possible vis-à-vis de la prise extérieure 14-50R.  Petit problème d’esthétique en perspective!

Ce qui précède s’applique, il faut le dire, dans des cas d’immeubles locatifs bien particuliers.  Pour les autres cas, et pour les propriétaires de condos, il vaut peut-être la peine d’examiner les suggestions d’Écohabitation.

Si on vit dans une maison en rangée ou dans une maison individuelle détachée, il faut qu’un espace spécifique de stationnement  soit accessible.  Et si celui-ci est situé dans un garage, il faut aussi prévoir un mécanisme de ventilation destiné à envoyer à l’extérieur les gaz produits par la recharge.

On aura compris que nous éliminons d’emblée l’installation d’une borne domestique de 400 ampères et plus.  Il s’agirait d’une opération très coûteuse, dans un contexte incertain où il existe au moins trois standards différents.  Pour des recharges rapides sur un véhicule tout électrique, il faut donc se rabattre sur les stations publiques et payer environ 10$ de l’heure.

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Pour en savoir plus:

Le « LOOP »  condamne les sables bitumineux:

http://tsss.ca/channels/energy-cities-climate-change/another-reason-why-expansion-of-albertas-oiltar-sands-has-a-weak-business-case

Historique: de la voiture électrique du 19e siècle à la voiture hybride électricité-hydrogène:

:http://www.slate.fr/story/168185/imaginons-la-voiture-ideale

Fabriquer de l’hydrogène:

https://www.energy.gov/eere/fuelcells/hydrogen-production-natural-gas-reforming

https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/chimie-produit-on-hydrogene-6280/

L’hydrogène, coûts écologiques et coûts économiques:

:https://www.largus.fr/actualite-automobile/lhydrogene-a-t-il-un-avenir-comme-carburant-automobile-9280398.html

Fonctionnement de l’auto à hydrogène et son éventuelle adoption:

https://www.telegraph.co.uk/cars/advice/does-fuel-cell-work-should-buy-hydrogen-car/