On peut être très attaché à ses vieilles fenêtres, mais il faut un jour ou l’autre les changer. Voici par exemple une fenêtre en aluminium naturel qui date d’une cinquantaine d’années, sur une maison de briques construite en 1910:
On a ici une fenêtre à simple vitrage, fixée par une lame de clouage directement sur le cadre de bois. L’intérieur porte une autre fenêtre à simple vitrage, aussi directement sur le cadre de bois. Dans les deux cas, on a affaire à des fenêtres à guillotine, qui ont remplacé, sans doute, d’anciennes fenêtres à guillotine en bois, qui étaient actionnées par des cordes fixées à des contrepoids.
Nous allons remplacer ces fenêtres par des fenêtres qui seront aussi à guillotine, mais avec des caractéristiques plus énergétiques du type de celles qui suivent:
Ironie du sort, peut-être, nos fenêtres de remplacement seront en bois comme les fenêtres primitives, mais avec un recouvrement en aluminium à l’extérieur, histoire de protéger le bois contre les intempéries. Noter que ces nouvelles fenêtres seront aussi munies d’une lame de clouage qui permettra de les fixer par l’extérieur sur le cadre de bois:
(fenêtre en bois recouvert d’un aluminium de couleur brune; noter, au bas, que le métal dépasse le cadre de la fenêtre; c’est la lame de clouage qui permet de fixer le tout à l’aide de vis)
De longues recherches nous ont fait aboutir chez le fabricant québécois Donat Flamand, où le rapport qualité-prix a paru intéressant. Ce fabricant est actuellement (en 2014) une filiale de la compagnie Jeld-Wen, entreprise dont le siège social est situé dans l’État américain très écologiste de l’Orégon. Donat Flamand met à la disposition de ses distributeurs (dont certaines grandes surfaces) un petit programme informatique qui permet de fixer les options désirées. En voici quelques-unes, appliquées à la fenêtre unique qui nous sert d’exemple ici:
Type de produit: Fenêtres à guillotine double
Type d’extérieur: Recouvert
Ligne de produit: Classique
Type de moulure: Lame de clouage standard
Division Ouvrant: Divisé égal
Commandé par: Dimensions de cadre
Largeur du cadre: 38 pouces (il s’agit, ici, de la distance minimale entre les deux parois verticales du cadre déjà en place, en soustrayant ¾ pouce pour laisser un certain jeu entre le cadre de la nouvelle fenêtre et le cadre déjà en place, qu’il faudrait peut-être appeler faux-cadre)
Hauteur du cadre: 67½ pouces (il s’agit, ici, de la distance minimale entre les deux parois horizontales du cadre déjà en place, en soustrayant ¾ pouce pour laisser un certain jeu entre le cadre de la nouvelle fenêtre et le cadre déjà en place, qu’il faudrait peut-être appeler faux-cadre)
Essence de bois: Pin
Finition intérieure (du bois): AVEC COUCHE D’APPRÊT (pour se réserver la peinture finale)
Finition extérieure (c’est-à-dire couleur de l’aluminium extérieur): de préférence BLANC pour les fenêtres exposées au soleil et BRUN COMMERCIAL pour le côté plus ombragé de la maison; la raison est qu’il faudra découper des solins dans une feuille d’aluminium et que souvent, ce produit est blanc d’un côté et brun commercial de l’autre)
Épaisseur de jambage (c’est-à-dire profondeur de la fenêtre): ici, ce sera 8 pouces (noter qu’il est difficile de mesurer cette profondeur alors que les anciennes fenêtres sont encore en place; prévoir donc qu’il faudra sans doute prolonger le cadre vers l’intérieur, peut-être d’un pouce ou à peu près)
Couleur du verre: Verre Low-E 180
Pellicule Preserve: Pellicule Preserve
Options du verre: Argon
Sorte de carrelage: Sans carrelage
Style de la moustiquaire: Demi-moustiquaire (afin de pouvoir relever sans problème la moustiquaire quand on veut installer un climatiseur de fenêtre)
Trois remarques s’imposent ici:
1) Cette fenêtre a un rendement énergétique (facteur RE) de 28, tout à fait acceptable dans sud-ouest du Québec; mais pour les régions plus au nord, il faudrait vérifier que le fabricant tient bien compte du changement de zone climatique.
2) Il est crucial que les mesures du cadre déjà en place soient exactes. Pour cela, il faut le mesurer de façon minutieuse à plusieurs endroits, de façon à identifier l’endroit où il est le plus petit. C’est cet écart minimal qui doit être retenu, autant en largeur qu’en hauteur. Ensuite, on soustrait un total de ¾ pouce en largeur et un total de ¾ pouce en hauteur pour s’assurer que le cadre de la nouvelle fenêtre s’insère facilement dans le (faux-)cadre déjà en place. Parfois, on préférera soustraire un (1) pouce en hauteur et un (1) pouce en largeur pour plus de sûreté. Mais il est risqué de se contenter de ½ pouce. Noter aussi que le fabricant peut exiger un supplément pour les fractions de pouce; il faut donc s’attendre à ce que le distributeur recontacte le client pour voir s’il accepte de payer le supplément en question.
3) Au moment de la livraison, il faut vérifier l’étiquette apposée sur le côté du cadre de la fenêtre. Si les mesures en largeur («width») et en hauteur («height») ne correspondent pas, on refuse la livraison et on retourne chez le distributeur pour refaire la commande.
Voici à quoi ressemble cette étiquette:
Supposons que la fenêtre de notre exemple a été livrée sans encombres et que les mesures du cadre sont exactes. Il faut maintenant procéder au remplacement de l’ancienne fenêtre par la nouvelle.
Il faut d’abord retirer l’ancienne fenêtre. Enlever d’abord les deux panneaux vitrés intérieurs et les mettre à l’écart. Puis, retirer la moulure de bois qui entoure l’intérieur de l’ancienne fenêtre. Enlever les vis de la barre de clouage d’aluminium dont le prolongement intérieur contenait les deux panneaux vitrés. Retirer, aussi délicatement que possible, cette même lame de clouage, qui est maintenant un grand rectangle vide.
Passer à la partie extérieure de la fenêtre. Enlever les deux panneaux vitrés extérieurs et les mettre à l’écart. Enlever les vis de la barre de clouage d’aluminium dont le prolongement intérieur contenait les deux panneaux vitrés. Retirer cette même lame de clouage, qui est maintenant un grand rectangle vide. Cette dernière opération est rendue plus difficile par la présence du joint de silicone (ou de l’équivalent) destiné à empêcher toute infiltration d’eau.
Retirer tout résidu de silicone, à l’intérieur comme à l’extérieur. Pour l’extérieur, il faudra sans doute grimper sur le cadre et faire des mouvements lents, plus facilement contrôlables.
Il faut ensuite faire les préparatifs d’installation de la nouvelle fenêtre. Retirer l’emballage en plastique transparent. Enlever, avec précaution, les pièces de bois qui protégeaient le cadre de la nouvelle fenêtre pendant le transport. Relever un peu la section inférieure de la fenêtre; tirer le haut de cette section vers soi après avoir poussé ses loquets vers l’intérieur; une fois la section inférieure de la fenêtre à 90° par rapport à son cadre, relever le côté droit, qui devrait alors quitter son réceptacle de métal placé dans la rainure où elle se déplace normalement vers le haut et vers le bas; retirer complètement la section inférieure de la fenêtre et la déplacer vers un endroit sûr.
(panneau inférieur de la fenêtre, loquets poussés vers l’intérieur afin de tirer le haut du panneau vers soi et le placer à 90°; ici, la fenêtre est déjà mise en place, ce qui anticipe un peu sur ce qui suit)
Il faut maintenant retirer la section supérieure de la fenêtre: abaisser un peu la section supérieure de la fenêtre; pousser ses loquets vers l’intérieur; la tirer vers soi; quand elle est à 90° par rapport à son cadre, relever le côté droit, qui devrait alors quitter son réceptacle de métal placé dans la rainure où elle se déplace normalement vers le haut et vers le bas; retirer complètement la section supérieure de la fenêtre et la déplacer vers un endroit sûr.
Si tout s’est bien passé, on a alors devant soi un grand rectangle de bois avec, de l’autre côté, un recouvrement d’aluminium peint qui se prolonge, sur tout le pourtour, en une bande plate d’un pouce et demi portant des trous aux 6 pouces (c’est, comme on le sait déjà, la «lame de clouage»).
À mi-hauteur, des deux côtés, on peut voir un petit trou qui est normalement caché par la section inférieure de la fenêtre. Ces deux petits trous sont destinés à recevoir chacun une vis qui fixera le cadre de la nouvelle fenêtre au (faux-)cadre déjà en place tout en permettant de déplacer légèrement le cadre vers la droite ou la gauche; l’objectif principal est ici est de rendre les parties verticales du cadre aussi droites que possible, afin que les deux sections de la fenêtre puissent se déplacer facilement, une fois qu’on les aura réinstallées. Mais pour le moment, nous les utiliserons à d’autres fins, après avoir réalisé une dernière partie des préparatifs: il s’agit de fixer, au bas du (faux-)cadre, une section de membrane auto-collante qui remonte de 6 pouces de chaque côté; retirer, peu à peu, le papier qui protège la membrane en commençant par la gauche; coller la membrane, en la lissant, sur le bas du (faux-)cadre au fur et à mesure qu’on enlève le papier; (l’idée, ici, est d’éviter que de possibles infiltrations d’eau imprègnent le bois du (faux-)cadre et de faire plutôt glisser l’eau vers l’extérieur).
(membrane autocollante qu’on utilise pour imperméabiliser la base du (faux-)cadre; une fois en place, le surplus est découpé à l’aide d’un exacto ou couteau à gypse)
Voici le moment (tant attendu!) de mettre en place le cadre de la fenêtre. Passer une corde mince, mais forte, dans les deux trous dont on a parlé un peu plus haut.
Mettre le cadre debout devant la fenêtre, bois devant soi, et fixer la corde à un meuble lourd capable de contrebalancer le poids du cadre, tout en laissant un jeu de 3 ou 4 pieds; (cette corde de sécurité sera utile pour empêcher le cadre de tomber au sol, s’il devait vous glisser des mains). Saisir le cadre à deux mains et le passer vers l’extérieur, bas devant, à travers le (faux-)cadre, en le tenant à 45° par rapport à l’horizontale; le redresser et l’attirer vers soi pour l’amener à s’appuyer sur le (faux-)cadre; saisir la corde de sécurité, la raccourcir et la fixer serrée au meuble; (la corde, maintenant, sert à maintenir le cadre en place et permet de travailler en toute quiétude, même en hauteur).
Le reste est simple. Mettre le cadre au niveau à l’aide de cales en bois (des «shims», comme on dit couramment):
(les cales de bois, à droite, permettent de mettre le cadre au niveau à l’intérieur du (faux-)cadre; les cordes maintenant le nouveau cadre en place donne toute la latitude pour réaliser cette opération)
Centrer le cadre le mieux possible entre les deux côtés et entre le haut et le bas; si, comme c’est possible, un espace subsiste, à la verticale, entre la lame de clouage et le mur de briques, glisser sous la lame de clouage une bande d’aluminium peint préalablement découpée. Découper aussi une bande d’aluminium destinée à recouvrir la base de la lame de clouage, jusqu’à rejoindre l’allège de la fenêtre.
(feuille d’aluminium couramment disponible sur le marché; choisir la variété blanche d’un côté et brun commercial de l’autre)
Normalement, à ce stade-ci, on peut mettre quelques vis au bas du cadre à l’extérieur. Utiliser, si possible, des vis auto-taraudeuses, utilisables à l’extérieur et déjà munies d’une rondelle. En voici un exemple:
Revenir maintenant à l’intérieur, enlever la corde de retenue du cadre (maintenant inutile), appuyer fermement le milieu de la lame de clouage contre le (faux-)cadre et commencer à mettre en place les deux vis destinées à fixer, en son milieu, le cadre au (faux-)cadre. Mettre au besoin des cales de bois au-dessus des vis. Réinstaller le panneau supérieur de la fenêtre en le tenant à l’horizontale; le relever ensuite et enclencher ses deux loquets. (Ici, il faut vérifier si les crochets de métal, au bas du panneau, sont bien enfoncés dans leur réceptacle en métal; si ce n’est pas le cas, retirer le panneau et reprendre son installation en écartant un peu les côtés du cadre.) Faire la même opération avec le panneau inférieur de la fenêtre.
On peut maintenant poursuivre la mise en place des deux vis qui permettent de rendre le cadre parfaitement droit. Une planche rigide en aluminium permet de guider le travail:
(ici, la planche d’aluminium, collée au cadre, montre que la paroi droite du cadre est parfaitement droite; noter que les cales de bois sont placées au-dessus de la vis qui relie le cadre au (faux-)cadre; ajouter ou enlever des cales selon les besoins; la vis peut aussi être serrée ou desserrée selon les besoins)
On vérifie ensuite que les deux panneaux de la fenêtre se montent et se descendent facilement. Au besoin, serrer ou desserrer les vis de chaque côté du cadre. (Noter qu’il faut enlever le panneau inférieur de la fenêtre pour avoir accès aux vis.)
Il faut maintenant terminer le travail à l’extérieur. Installer un escabeau à l’extérieur à environ un pied de la fenêtre. (Si on est en hauteur, il faut appuyer une échelle sur l’allège de la fenêtre et laisser la fenêtre ouverte pour pouvoir circuler facilement entre l’intérieur et l’extérieur. Faire des mouvements lents. Se tenir d’une main, au besoin, à la section supérieure de la fenêtre. Les personnes sujettes au vertige devraient confier cette partie du travail à quelqu’un d’autre.)
Enfoncer des vis dans tous les trous des côtés de la lame de clouage après avoir vérifié que les bandes d’aluminium d’appoint (dont il a été question plus haut) sont bien collées aux briques. Enfoncer des vis dans la section du bas de la lame de clouage, après avoir vérifié que la bande d’aluminium d’appoint est bien en place, sous la lame de clouage et sous les extrémités des deux bandes d’aluminium d’appoint verticales. (L’idée, évidemment, est que l’eau doit glisser sur le métal et être évacuée en coulant sur l’allège de la fenêtre.)
Passer ensuite au haut de la fenêtre, où il faut installer un solin d’aluminium qu’il faudra découper sur mesure Si, comme c’est le cas ici, le haut de la fenêtre est en demi-lune, il faudra sans doute faire un modèle en carton ou en «foam core» (mousse de polystyrène). Comme le solin doit être installé par dessus le haut de la lame de clouage, il faut aussi se fabriquer un modèle de carton pour repérer les trous des vis. Après ces préliminaires, on appuie le solin préparé au haut de la fenêtre, on enfonce une vis en haut, au milieu, pour le tenir en place, puis on enfonce une vis dans chacun des trous pré-percés en utilisant le repère de carton.
Il reste maintenant à tirer un joint de silicone au pourtour de la lame de clouage, de même qu’au point de rencontre (s’il y a lieu) entre les bandes d’aluminium d’appoint et la lame de clouage. Déposer une perle de silicone sur chacune des têtes de vis.
Au total, on obtient le résultat suivant:
(noter qu’ici, la lame de clouage colle la brique et il n’a pas été nécessaire d’installer des bandes d’aluminium d’appoint sur les côtés; mais un solin a été installé, au bas, sous la lame de clouage et, au-dessus, sur la lame de clouage)
(détail du coin inférieur gauche de la fenêtre, où on voit plus nettement le joint de silicone et les perles (très généreuses) de silicone sur les vis)
Retour à l’intérieur. On pourrait s’arrêter ici, puisque la fenêtre est maintenant installée. Mais il faut terminer l’intérieur, c’est-à-dire prolonger, s’il y a lieu, le cadre de la fenêtre vers l’intérieur, bourrer les espaces libres avec de la laine minérale, mettre un petit pare-vapeur par dessus, fixer une moulure sur le pourtour du cadre, retoucher le gypse tout autour avec du ciment à joint (ou l’équivalent), peindre le cadre, la moulure et des sections du mur, s’il y a lieu.
Deux remarques, peut-être:
1) Pour prolonger le cadre vers l’intérieur, il faut mesurer ce qu’il faut ajouter pour que la future moulure appuie sur le gypse autant que sur le cadre. On découpe ensuite ce qu’il faut dans une planche de pin (moins coûteuse qu’une moulure, même jointée). Si nécessaire, insérer un bout de cale en bois pour «souffler» un peu l’ajout; remplir la fente avec du ciment à joint (ou l’équivalent).
2) Les espaces libres entre le cadre de la fenêtre et le (faux-) cadre doivent être remplis avec un produit isolant. Éviter la mousse isolante, dont l’expansion peut déformer le cadre. Utiliser de préférence de la laine minérale, soit rose, soit grise. (La laine minérale rose est peu friable, mais sensible à l’eau; la laine minérale grise, dite laine de roche, est plus friable, mais résiste mieux à l’humidité.)
Un détail concernant la demi-moustiquaire. Elle peut se soulever facilement à partir de l’extérieur et faciliter les intrusions. Pour contrer ce problème, faire quelques trous, par l’intérieur, sur le bord de la rainure où circule la moustiquaire (mais sans percer le cadre de la moustiquaire elle-même); y mettre des vis à métal d’environ ¾ pouce qui s’enfonceront dans les trous; leur pointe s’appuiera contre la bordure de métal de la moustiquaire et opposeront une bonne résistance aux tentatives d’intrusion.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais, peut-être, trop a déjà été dit! Ici, on n’a pas hésité à identifier des produits et même à nommer un fabricant. Il s’agissait, d’une part, de rendre l’exposé aussi clair que possible et, d’autre part, de fournir un point de départ. Nul doute que d’autres produits peuvent être équivalents ou supérieurs à ceux de Résisto ou de GRK Fasteners-ÜberGrade et que d’autres fabricants peuvent rivaliser avec Donat Flamand-Jeld-Wen ou même être meilleurs. Mais le domaine est tellement touffu, les possibilités tellement multiples qu’il faut bien commencer quelque part. Ce modeste article, espérons-le, est susceptible d’aider un peu à débroussailler le domaine.
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